Le role des prédicats complétifs en logique déontique

AutoreJean-Louis Gardies
Pagine243-250

Page 243

Le présent exposé comportera deux étapes:

1) Nous donnerons d'abord une description strictement syntaxique de ce que nous avons proposé d'appeler des prédicats complétifs et, plus particulièrement, de ceux que l'ou peut rencontrer en logique dêontique.

2) Nous étudierons ensuite, un peu plus longuement, les difficultés et avantages impliqués par l'usage de tels prédicats complétifs, lorsqu'on passe au niveau de la sémantique.

La logique, depuis Frege et Russell, recourt généralement à deux sortes de fondeurs prépositionnels, c'est-à-dire de foncteurs qui, une fois munis de leurs arguments, constituent des propositions;

* D'une part des foncteurs prépositionnels à arguments nominaux, que nous appelons généralement prédicats, lesquels se distinguent notamment par le nombre de ces arguments: un dans «Pierre se promène», deux dans «Pierre aime Mirie», trois dans « Pierre préfère Marie à Suzanne », etc.

* D'autre part des foncteurs propositionnels à arguments propositionnels, que nous appelons généralement connecteurs, lesquels se distinguent aussi par le nombre de leurs arguments: un dans «Non p», deux dans «p & q», etc.

Une telle pratique peut comporter une sorte d'incitation naturelle à traiter les foncteurs déontiques comme des foncteurs propositionnels à un argument propositionnel, à la ressemblance de la négation:

* Il est obligatoire que p (que nous pourrons noter «Op»)

* Il est interdit que p, c'est-à-dire il est obligatoire que non p

* Il est permis que p (que nous pourrons noter «Pp») c'est-à-dire il n' est pas obligatoire que non p.

Nous obtiendrons ainsi entre les quatre modalités déontiques fondamentales, obligatoire, interdit, permis et facultatif un jeu de relations analogue tu carré d'Aristote repéré entre les quatre modalités ontiques fondamentales, nécessaire, impossible, possible, et contingent.

Si l'ou veut dépasser ce point de vue syntaxiquement assez élémentaire, nous pensons qu'il faut analyser la norme sous la forme d'un foncteur àPage 244 trois arguments, du type Oxyp, les deux premiers de ces arguments étant nominaux; le troisième propositionnel:

1) le premier argument nominal x désignera l'autorité dont procède la norme, ou, s'il s'agit d'une stricte obligation de droit privé, le créancier de cette obligation;

2) le second argument nominal y désignera le sujet soumis à la norme, ou le débiteur d'une obligation;

3) l'argument de nature prépositionnelle, en l'occurrence p, désignera le contenu de la norme ou la prestation impliquée dans l'obligation.

Dans le mesure où un tel foncteur comportait certains arguments nominaux, nous avions proposé de le reconnaître comme un prédicat; mais dans la mesure où il comportait aussi un argument propositionnel, assez similaire ' aux propositions complétives (that-clauses) des grammaires indo-européennes, nous avions suggéré de caractériser un tel prédicat comme prédicat compténtif.

Le premier avantage d'une telle analyse est de permettre de traiter d'une manière analogue les obligations d'une part qui découlent de la loi, et celés d'autre part qui découlent d'un acte privé, comme la promesse ou le contrat. Le terme même d'obligation a ainsi couramment deux sens; mais la présente analyse souligne le fait que ces deux acceptions reposent néanmoins sur une structure commune, qui justifie la communauté de leur appellation.

Le second avantage de cette analyse est de tenir compte à la fois de la pluralité des sujets soumis à obligation et de la pluralité des autorités ou créanciers dont les obligations procèdent: un citoyen français séjournant en territoire espagnol n'en reste pas moins soumis à certaines obligations du droit français, mais il tombe en outre sous certaines obligations du droit espagnol; s'il appartient à tel groupe religieux ou église, il pourra se trouver encore concurremment soumis aux dispositions juridiques propres à ce groupe (par exemple, au droit canon).

Une telle analyse syntaxique ne nous permet évidemment pas d'échapper d'emblée aux difficultés inhérentes à la non-extensionnalitê des logiques modales, Dire que les foncteurs modaux ne sont pas extensionnels, c'est dire qu'une simple table de vérité ne suffit pas à rendre compte de ce qu'as signifient.

p non p il est nécessaire que p il est possible que p x sait que p x croit
...

Per continuare a leggere

RICHIEDI UNA PROVA

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT