L'évolution des systèmes de calcul et des techniques de recherche automatique de l'information juridique au cours des 25 dernières années

AutoreCostantino Ciampi
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@1. Introduction

Dans la littérature maintenant florissante sur l'histoire du calcul automatique, on a l'habitude d'opérer une division schématique en quatre «générations» pour ce qui est du processus évolutif que l'ordinateur a connu, depuis le premier modèle commercial (c'est-à-dire produit en série) à grandes dimensions, l'UNIVAC 1 (1951) jusqu'aux machines modernes qu'on utilise maintenant. La distinction entre eles n'est pas toujours facile et devrait être opérée en se référant i la production de chaque fabricant, même si au cours de ces vingt dernières années, le marché et donc les caractéristiques des ordinateurs produits dans le monde ont été conditionnées par IBM.

Il est toutefois d'usage de caractériser chaque génération par la technologie de la composante électronique utilisée: la première (1951-1958) par la technologie des tubes électroniques; la deuxième (1958-1964) par celle des composantes à semiconducteur diode et transistor; la troisième (1964-1976), par la technologie de l'intégration sur petite et moyenne échelle et par les circuits hybrides; la quatrième (1976-1984?) par la technologie de l'intégration sur grande et très grande échelle et des micro-processeurs. Tout cela indique l'importance de l'évolution de la technologie de la composante électronique dans le renforcement du rapport prestation/coût des ordinateurs.

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A ce propos, une brève comparaison entre l'unité centrale du premier ordinateur commercial et un micro-processeur peut donner une idée des progrès énormes qui ont été accomplis: l'UNIVAC 1, composé de 5.000 tubes électroniques, d'une mémoire à ligne de retard électro-caustique au mercure de 1.000 mots, d'une capacité d'élaboration de 2.000 instructions par seconde et d'un temps d'addition de 525 secondes, pesait 8 tonnes, occupait 35 m2, coûtait 750.000 dollars de l'époque, pour un coût équivalent de 20 $ byte; l'INTEL 8080 (1974) monté sur une fiche, capable d'effectuer 200.000 instructions à la seconde, avec 64.000 mots de mémoire à semi-conducteur, 2 -secondes de temps d'addition, pèse, avec l'alimentateur, 8 Kg, occupe une superficie d'un décimètre carré, coûte quelques centaines de dollars, pour un coût équivalent de 2 cents/byte. Et on obtiendrait des preuves encore plus évidentes de l'énorme progrès dans le rapport prestation/coût si l'on considérait les modernes micro-processeurs puissants et les périphériques les plus communs.

Bien évidemment l'évolution de la technologie de la composante ne constitue pas le seul élément qui accompagne et conditione le développement de l'ordinateur. S'y ajoutent le développement de l'architecture intérieure de la machine et des réseaux d'ordinateurs, l'évolution du software, aussi bien de base (monitors, systèmes opérationnels, programmes-traducteurs et langages) que d'application, le progrès des connaissances théoriques sur le calcul automatique (modèles des processus parallèles des programmes, dialogue homme-machine, etc.); l'évolution des structures des données et des relatives bases de données. Etant donné aussi l'énorme utilisation de l'ordinateur, pas seulement et pas tant pour les calculs automatiques (application qui concerne une part assez modeste du marché d'un point de vue économique) , mais surtout pour la gestion des entreprises, la création de banques de données et les applications industrielles (contrôle de procédés, télécommunications, appareillage, contrôle de la production, etc.), cette succession de générations de machines s'est accompagnée d'un développement des connaissances sur les problèmes que, grâce à elles, on a voulu résoudre et l'a conditionné, jusqu'à faire naître de nouvelles disciplines d'un grand intérêt au niveau de la théorie et de l'application, comme la robotique, l'intelligence âttificielle et la représentation de la connaissance pour n'en citer que quelques unes. C'est pourquoi depuis quelque temps, on parle à juste titre d'une cinquième génération d'ordinateurs (tel est le défi lancé par les Japonais au colosse IBM pour l'année 1985), pour souligner la naissance projetée d'une nouvelle génération d'ordinateurs inteligents qui simulent le comportement humain pour la résolution de problèmes, pour la formulation de décisions et pour d'autres activités typiquement intellectuelles.

Dans la suite de mon exposé' j'essaierai de décrire les systèmes de documentation automatique utilisés dans le secteur du droit, divisée en «types» et de la comparer avec la schématisation de l'évolution des ordinateurs qui vient d'être êvoquêe, en soulignant le fossé qui existe entre la rapide évolution technique des ordinateurs et l'évolution plus lente et contrastée des sys-Page 83tèmes de documentation automatique qui se servent de ces ordinateurs de plus en plus perfectionnés sans toutefois exploiter toutes leurs potentialités opérationnelles.

@2. Typologie des systèmes de recherche automatique de l'information juridique

Je tiens à préciser tout de suite que je ne juge pas opportun de suivre l'exemple des auteurs qui ont essayé d'introduire dans la description historique et comparée des systèmes de documentation automatique le concept de «génération», prenant modèle sur le concept utilisé pour décrire le dêveloppement de l'hardware. Selon moi au moins deux raisons m'ont dissuadé de le faire.

Avant tout, parler de générations, en se référant aux systèmes de documentation automatique, crée, me semble-t-il, une certaine confusion, à cause du manque de synchronisme entre les divisions en périodes relatives aux «générations» des systèmes de documentation. Ensuite, l'utilisation d'une telle terminologie ne me semble pas non plus exacte, s'il est vfai que dans le concept de «génération», rapporté à un produit industriel, on englobe l'idée d'un processus selon lequel la production plus moderne/et vraisemblablement plus perfectionnée et compétitive, rend désuète la production plus ancienne, Si, en réalité, cette succession de générations provoque inévitablement la fin de la production et de l'utilisation des ordinateurs les plus anciens (d'autant plus qu'aujourd'hui même si nous étions disposés a le payer à prix d'or, nous ne trouverions pas où acheter un ordinateur de la première génération à tubes électroniques, et nous devrions nous contenter de l'admirer dans quelque musée), il e'en est pas de même pour les systèmes de documentation automatique. En effet aujourd'hui dans le monde sont opérationnels en même temps. et parfaitement en fonctionnement des systèmes batch (définis de la «première génération» par les auteurs auxquels on faisait auparavant allusion), des systèmes on-line (définis de la «seconde génération») et des systèmes on-line évolués, de la «troisième» et «quatrième» génération. Cela est possible car, comme on le sait, le software d'application, qui se trouve à la base des systèmes de documentation automatique, est en quelque sorte indépendant de l'hardware sur lequel on le fait fonctionner et son développement est souvent confié seulement à la volonté et aux capacités du client qui acquiert l'hardware, C'est pourquoi on assiste par exemple au phénomène de centres de calcul munis d'ordinateurs très modernes de la quatrième génération, quelquefois acquis uniquement sous la poussée des pressions commerciales des fabricants, qui utilisent des systèmes anciens de documentation automatique, de la deuxième ou même de la première génération.

C'est pour ces raisons que je préfère décrire les différents systèmes de recherche automatique de l'information juridique qui ont été développés auPage 84 cours des vingt dernières années, en recourant au concept de «type»- et en indiquant, pour ce qui est de leur place dans le temps, seulement le terme a quo et non pas le terme ad quem parce que' comme je l'ai déjà expliqué, la succession temporelle des types n'implique pas nécessairement l'obsolescence des types qui se sont affirmés antérieurement (voir tableau 1).

[ GRAPHIQUES NE SONT PAS INCLUS ]

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@@2.1. Les systèmes baich

Au début du développement des systèmes de documentation automatique dans le secteur du droit' on trouve les systèmes de type batch. «Batch» est un mot anglais qui se révèle quasiment -intraduisible en italen et je crois même dans les autres langues romanes. En italien, dans la langue technique, on a l'habitude de traduire l'expression «batch processing» par « elaborazione a lotti» (traitement par lots) avec laquelle on perd toutefois le sens originel de batch, qui dans la langue anglaise commune équivaut à l'italien « infornata » ( (en)fournée).

L'image de r«(en)fournée» rend plastiquement l'idée contenue dans l'expression « systèmes batch ». En vérité, dans ces systèmes de documentation électronique, il faut enfourner dans l'ordinateur comme dans un four, les questions, puis attendre que passe le temps de cuisson, c'est-à-dire d'élaboration et enfin analyser les résultats. Si ceux-ci ne sont pas satisfaisants, on est obligé de recommencer depuis le début et de préparer une autre «fournée», c'est-à-dire, si l'on fait abstraction de toute métaphore, une nouvelle formulation de la question. Le processus est cyclique, et avant de parvenir à une conclusion, il est probable que beaucoup de temps s'écoule.

Les ordinateurs de la première et de la seconde générations, à cause de certaines limitations techniques graves, ne permettaient que la mise en application de systèmes batch. Avec l'avènement des ordinateurs de la troisième génération, on est passé rapidement à la conception de systèmes on-line, fondés, comme on pourra bientôt le constater, sur des temps de réponse rapides et sur la construction d'un véritable dialogue entre l'usager et l'ordinateur.

La conservation de systèmes batch sur des ordinateurs évolués de la troisième ou de la quatrième génération convient encore dans le cadre de la documentation automatique, pour le cas où les usagers ne seraient pas décentralisés et n'auraient pas besoin d'une réponse immédiate, et de plus quand l'ordinateur est utilisé non...

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